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L’acquisition du langage est l’un des moyens de communication sociale qui permet à l’enfant d’échanger des informations, elle fait progresser son intelligence et l’intègre dans la vie.
Prenons le cas de l’expérience réalisée au XIIIème siècle par le roi de Rome Frédéric II (qui parlait neuf langues : le latin, le grec, le sicilien, l'arabe, le normand, l'allemand, l'hébreu, le yiddish et le slave) et qui voulut faire une expérience pour savoir quelle était la langue "naturelle" de l'être humain. Il installa six bébés dans une pouponnière et ordonna à leurs nourrices de les alimenter, les endormir, les baigner, mais surtout, ne jamais leur parler ni même se parler entre elles. Frédéric II espérait ainsi découvrir quelle serait la langue que ces bébés "sans influence extérieure" choisiraient naturellement. Il pensait que ce serait le grec ou le latin, seules langues originelles pures à ses yeux. Cependant, l'expérience ne donna pas le résultat escompté. Non seulement aucun bébé ne se mit à parler un quelconque langage mais tous les six dépérirent et finirent par mourir. |
Les bébés ont besoin de communication verbale pour survivre. Le lait et le sommeil ne suffisent pas. La communication est aussi un élément indispensable à la vie. L'être humain est un être social, il n'y a pas que le "biologique" qui lui permet de vivre, mais le "social" également. |
Les premiers mots de bébé… |
Bébé commence à prononcer ses premiers sons puis, peu à peu, ses premiers mots. De quelle façon l’aider dans ce long apprentissage du langage ? Quelles en sont les grandes
étapes ?
Il n'y a pas de règles strictes, cela dépend de chaque enfant. Mais en général, à partir de 6-7 mois, le bébé est capable de faire le lien entre un sens affectif et un
son. Il fait la distinction entre une parole affectueuse et une parole “nocive” si la voix est trop forte.
La compréhension des premiers mots, et donc de la relation entre le son et le sens, arrive, elle, aux alentours de 9-10 mois. C'est une
compréhension dans une situation ou un contexte particuliers. L'enfant capte qu'un son ou une suite de sons désignent un objet, qu'ils sont porteurs d'un concept.
Selon les enfants, ils se dessinent entre le onzième et le vingtième mois et peuvent être très différents. En menant des études, j'ai constaté que, parmi les cinquante premiers mots
de leur vocabulaire, il n'y en a que quinze en commun.
Le premier vocabulaire des enfants est fonction des objets familiers et des personnes qui les entourent, et n'est donc pas abstrait. Ainsi, ils vont dire “maman”, “papa”,
“boire”, “biscuit”. Ils vont nommer leurs frères et sœurs, leurs animaux favoris…
Ce ne sont pas des mots compliqués à prononcer, car l'appareil articulatoire du jeune enfant est loin d'être opérationnel et totalement maîtrisé. Ils ressemblent donc souvent
aux formes qu'ils savent prononcer. Parfois, ces mots ne sont pas ceux auxquels on pourrait s'attendre. Mais les petits les ont choisis, car ils ont un lien affectif et un
intérêt très fort pour eux.
Développement du bébé :Comment l’aider dans son apprentissage du langage ? |
L'assistante maternelle et les parents aident
l'enfant en lui parlant calmement, doucement et sans utiliser le "parler bébé". Il ne s'agit pas de lui parler de façon compliquée, mais
surtout d'utiliser des tournures justes.
Quand le tout-petit prononce une phrase ou
un mot peu compréhensible, il faut reprendre ce mot ou cette phrase en le ou la disant convenablement, sans corriger
l'enfant. Par exemple, s'il dit “papo” à la place de “chapeau”, il suffit de répéter : “Oui, on va aller chercher ton chapeau.” Le simple fait de reprendre un énoncé correct lui permet de bien en approfondir le sens. De plus, l'enfant entend le “vrai” son, qu'il connaît par ailleurs. Car le plus
souvent, il sait très bien qu'il le prononce mal.
Beaucoup d'éléments entrent en ligne de compte, comme la langue maternelle, l'environnement, la façon dont l'assistante maternelle et
les parents écoutent et parlent à l'enfant. Mais c'est surtout le tempérament du tout-petit qui va faire une différence.
Certains vont chercher à avoir un langage mieux articulé, plus précis, dès le départ. D'autres sont plus volubiles. Ils se satisfont de mots mal dits parce que leur première
envie est avant tout d'échanger, d'être en contact linguistique avec les personnes. Les désirs de l'enfant, la façon dont il appréhende le langage et ce qu'il en
retient sont donc essentiels. Mais s'il ne parle qu'à 2 ans, il n'est pas moins intelligent qu'un enfant qui a dit son premier mot à
1 an.
Vers 2 ans, si un enfant ne fait que babiller, on peut s'assurer qu'il entend
bien. En effet, les problèmes auditifs peuvent parfois gêner la production langagière. S'il ne parle pas, cela peut aussi être lié à des
difficultés motrices. Il y a de nombreux muscles dans la bouche, il peut avoir plus de soucis à les coordonner.
Mais ce qui est important, c'est la compréhension. Avant 2 ans, un enfant doit être capable de comprendre la structure de la langue, c'est-à-dire des mots et des
phrases simples. On dit que les enfants très logiques parlent plus tard, car ils attendent de bien parler. Alors, si on est assuré que son enfant entend bien et comprend
bien, il ne reste plus qu'à attendre que le langage émerge !
Sources : http://www.vosquestionsdeparents.fr/dossier/876/developpement-du-bebe-lapprentissage-du-langage/page/2
Explications et conseils de Bénédicte de Boysson-Bardies, psycholinguiste.